[menu items]

Histoire

LES PREMIERS PAS

Au Québec, la première coopérative en milieu scolaire a vu le jour en 1940, en même temps que la première caisse scolaire. Toutefois, c’était une association "de bonne foi" puisqu’elle n’était pas légalement constituée. Les autorités de l’école Saint-François-Xavier-de-Lévis souhaitaient, en mettant sur pied cette coopérative, inculquer aux élèves une connaissance pratique de la coopération.

Le privilège d’être la première véritable coopérative en milieu scolaire revient à la Coopérative des étudiants du Séminaire de Nicolet. Elle a été officiellement constituée en 1941. Toutefois, cette coopérative n’est plus en service, et ce, suite au changement de vocation du Séminaire. En effet, le 13 mars 1969, l’édifice du Séminaire de Nicolet est vendu au gouvernement du Québec pour en faire l’Institut de police du Québec (devient l’École nationale de Police en 1988).

Aujourd’hui, les coopératives les plus anciennes du réseau COOPSCO sont en activité depuis 1944, soit : Coopoly (1er octobre) et Coop HEC Montréal (6 octobre).

INFLUENCE DU CLERGÉ

La jeunesse étudiante catholique offrait des services de promotion et d’éducation coopérative en publiant des articles dans les journaux étudiants et en organisant des activités de formation telles que des colloques, séminaires ou des camps de vacances. Elles offraient aussi un soutien à la préparation de la demande de constitution, à la tenue de livres et à la gestion des coopératives. De plus, les JEC ont mis en place des mécanismes de liaisons entre coopératives et encouragé la formation d’une Fédération de coopératives étudiantes. 

Dès 1945, le Service d’information coopérative des JEC mettait des services à la disposition de plus de 60 coopératives légalement constituées ou non. Ses nombreuses interventions auprès des coopératives ont mené à la formation, en 1947, de la première Fédération des coopératives en milieu scolaire, la FCE (Fédération des coopératives étudiantes). Celle-ci exerçait alors le rôle de grossiste, de contrôleur de la situation financière des coopératives et de promoteur de la Formule coopérative. Toutefois, l’existence de cette première Fédération sera brève, puisque dès 1949, elle connaît des difficultés financières qui l’amèneront, en 1951, à cesser ses activités. On attribue cet échec à l’inexpérience des promoteurs et à leur méconnaissance des règles du coopératisme, au taux élevé de rotation des administrateurs en cours de mandat, et enfin, au désintéressement des membres.

Cette fermeture laissera les coopératives sans grossiste ni service de soutien. Pour leur part, les coopératives connaissent aussi des problèmes identiques à ceux de leur Fédération : désintéressement des membres, inexpérience et haut taux de rotation des administrateurs. À cela il faut ajouter, dans certains cas, de mauvaises relations avec les autorités scolaires et le manque de locaux adéquats. Tous ces facteurs conjugués rendent aléatoire l’existence de ces coopératives et provoquent la disparition de plusieurs d’entre elles.

NOUVEAU DÉPART

Au début des années 1960, les importants changements sociaux, tels que la réforme du système scolaire et la montée du nationalisme, ont favorisé l’émergence d’un nouveau mouvement coopératif en milieu scolaire. En effet, après une dizaine d’années de stagnation, ce dernier renaît grâce à l’UGEQ (Union générale des étudiants du Québec). Cet organisme, fondé en 1964, reprend l’action entreprise, quelques années plus tôt, par la FAGECCQ (Fédération des associations générales des étudiants des collèges classiques du Québec) en matière de promotion du coopératisme. Le mouvement coopératif étudiant est perçu comme un moyen d’obtenir un pouvoir économique.

À partir des conclusions d’une étude qu’elle a réalisée, l’UGEQ a procédé à la mise en place d’un programme de développement des coopératives étudiantes. Cette étude concluait notamment que l’échec des coopératives scolaires était dû à l’absence de motivation du milieu étudiant et au manque de coopération avec les autres types de coopératives. C’est pourquoi, dans son programme de relance concernant la fondation de coopératives dans les établissements d’enseignement secondaire, technique ou collégial, elle a mis l’accent sur la formation de bureaux régionaux d’éducation coopérative et sur la mise sur pied d’un centre de documentation et d’études coopératives.

En 1966, l’UGEQ, la FAGCCQ et cinq coopératives étudiantes forment la deuxième Fédération, la FCEQ (Fédération des coopératives étudiantes du Quebec). Cette dernière se donne pour mission d’assurer la promotion de la coopération étudiante, la formation dans ce domaine ainsi que l’approvisionnement des coopératives. Pour cela, elle reçoit l’appui financier du CCQ (Conseil de la coopération du Québec) et de la Société de fiducie du Québec. L’année suivante, la Fédération créé Fournisco enr. pour assurer la distribution d’articles scolaires et de papeterie. Par ailleurs, elle se réserve le droit de transiger directement avec les fournisseurs en ce qui concerne l’achat et la distribution de manuels scolaires en français.

Sous son influence, le nombre de coopératives atteint 63 à la fin des années 60. À son tour, la FCEQ connaît des difficultés financières; si bien qu’en 1969, elle n’a pas encore atteint son seuil de rentabilité. De plus, elle fait face à des problèmes administratifs et de gestion. Pour consolider sa situation financière, elle présente alors une demande de prêt à une banque, mais sans succès. Devant cet échec, la Fédération se tourne vers le mouvement coopératif, qui lui accorde un prêt de 35 000 $. Toutefois, cette somme se révèle insuffisante pour lui permettre de résoudre ses problèmes financiers et elle doit faire appel aux autorités gouvernementales ainsi qu’aux institutions coopératives pour se sortir de cette impasse.

INTERVENTIONS GOUVERNEMENTALES

Informé de la situation financière précaire de la Fédération, le ministère de l’Éducation, le ministère des Institutions financières, Compagnies et Coopératives, ainsi que les institutions financières du mouvement coopératif se concertent pour étudier la demande d’aide financière. Leur acceptation est cependant assujettie à certaines conditions, dont la création d’un comité composé de représentants de chacune des parties. Son mandat consistera à étudier les normes de fonctionnement des coopératives étudiantes, les conditions d’affiliation d’une coopérative locale à la FCEQ et les mesures à prendre pour faire la promotion d’une gestion efficace, et à proposer, s’il y a lieu, des amendements aux dispositions et aux lois relatives aux coopératives étudiantes. À ce comité, le ministère de l’Éducation est représenté par le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. Ainsi, en avril 1970, le ministère de l’Éducation garantit un prêt de 100 000 $ et, quatre mois plus tard, un prêt additionnel de 50 000 $. Toutefois, ces apports financiers s’avèrent encore insuffisants pour rétablir la santé financière de la Fédération, qui, finalement, se déclarera en faillite en 1973.

Une fois de plus, l’isolement des coopératives et la perte du soutien à l’éducation et à la gestion provoqués par la disparition de la Fédération, entraînent la fermeture de nombreuses coopératives. Les causes de ce deuxième échec sont semblables à celles du premier : taux de rotation élevé des administrateurs, manque de connaissances des règles du coopératisme, absence d’éducation coopérative, sous-capitalisation des coopératives membres, erreurs de gestion administrative, conflits entre les coopératives et les maisons d’enseignement et, finalement, difficultés du secteur de la librairie et de la papeterie.

Ce contexte amènera le ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, en accord avec le ministère de l’Éducation et le CCQ, à décréter, en 1973, un moratoire empêchant toute formation de coopératives en milieu scolaire. Cependant, malgré cette décision, un certain nombre de coopératives exercent leurs activités sans statut légal. Vers le milieu des années 1970, des pressions sont exercées pour que le gouvernement lève le moratoire. Le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, à titre de représentant du ministère de l’Éducation accorde, en 1976, une subvention au CCQ pour la mise sur pied d’un comité d’étude sur le mouvement. Les objectifs de cette étude sont de déterminer les causes de l’échec de la FCEQ, d’analyser l’état du mouvement coopératif étudiant et de réfléchir sur l’avenir de ce dernier. Le rapport, présenté en 1977, concluait à l’importance de soutenir le mouvement et définissait certaines voies de développement.

Faisant suite à ce rapport, le ministère des Institutions financières et Coopératives annonce, en 1979, son intention de lever le moratoire afin de relancer ce secteur coopératif. Il met sur pied un comité interministériel composé de représentants du ministère de l’Éducation, du ministère des Institutions financières et Coopératives, du CCQ et des coopératives étudiantes et ayant pour mandat de structurer le développement de la coopération étudiante. Pour ce faire, le Comité interministériel permanent de relance des coopératives en milieu scolaire devra élaborer un plan stratégique de développement et en assurer le suivi. Il déposera son rapport en 1982.

DERNIÈRE GÉNÉRATION

Pour les coopératives en milieu scolaire, 1980 constitue une année décisive marquée d’événements très importants. Mentionnons, en premier lieu, la tenue du Sommet sur la coopération, qui constituera l’occasion de réaffirmer le caractère fondamental du dossier des coopératives en milieu étudiant et de lever officiellement le moratoire les touchant.

C’est également à la fin de cette année que se réunissent 22 coopératives scolaires, au cégep de Victoriaville, pour discuter de leur avenir. Les représentants de celles-ci concluent à la nécessité de se regrouper et, pour ce faire, ils mettent sur pied le Comité provisoire pour le regroupement des coopératives québécoises en milieu scolaire. Ce dernier établira des liens entre les coopératives et les différents intervenants.

En 1982 se tient une autre rencontre pendant laquelle 26 des 32 coopératives présentes se prononcent en faveur d’un regroupement. Lors de cette rencontre, les coopératives obtiendront un consensus pour entreprendre les démarches juridiques concernant la nouvelle Fédération ainsi que son autofinancement (contribution au prorata du chiffre d’affaires du membre).

À l’assemblée de préorganisation, tenue en avril 1983, 26 coopératives sont présentes. À ce moment, elles identifient des services à offrir aux membres, tels que la représentation officielle, l’éducation et la promotion coopérative, ainsi que la formation des administrateurs. Les fondateurs excluent le rôle de grossiste des fonctions de la nouvelle Fédération.

Le 12 novembre 1983, la Gazette officielle du Québec publie l’avis de constitution de la FCQMS (Fédération des coopératives québécoises en milieu scolaire). L’assemblée d’organisation de cette dernière regroupait une trentaine de coopératives.

Sous la direction de la Fédération, le nombre de coopératives ne cesse de croître. En effet, on assiste à la création de plus de 67 coopératives durant les années 80. Parallèlement, elle développe l’intercoopération avec le milieu et signe avec le Mouvement des caisses Desjardins une entente, d’une durée de cinq ans, portant sur l’échange de services. Toutefois, la volonté des coopératives de diversifier leurs opérations, par exemple en achetant des écoles de conduite, ne va pas sans créer de remous et entraîne des discussions au sein du mouvement. 

La Fédération joue un rôle de plus en plus actif. Elle met sur pied notamment un fonds de développement servant à des besoins temporaires de financement des coopératives membres. Vers la fin de 1988, elle instaure un regroupement d’achat afin de négocier de meilleurs prix et conditions d’achat. 

En 1990, donnant suite aux démarches entreprises par elle, le ministère de l’Éducation adopte un programme de prêt pour l’achat d’ordinateurs favorisant les coopératives étudiantes. Ainsi, ce programme permet à un étudiant de niveau collégial ou universitaire d’obtenir une garantie de prêt et un taux d’intérêt avantageux pour acheter un micro-ordinateur, à la condition, entre autres, que cet achat soit fait auprès d’une coopérative.

En quelques années, le mouvement des coopératives en milieu scolaire croît rapidement. C’est surtout dans le secteur des écoles secondaires qu’il se développe. On explore également la mise sur pied de nouveaux services, tels que celui de l’informatique. À cet effet, afin de mieux répondre aux besoins de ses membres, la Fédération des coopératives québécoises en milieu scolaire a mis sur pied, en 1992, le Centre d’informatique provincial. L’instauration de ce dernier s’est faite par l’acquisition d’un des fournisseurs de la Fédération (Cybernétique Technologie MR inc.). À l’instar des coopératives et fédérations dynamiques, la FQCMS sait adopter sa réponse aux besoins de ses membres.

Enfin en novembre 2011, la Fédération se porte acquéreur du catalogue et des actifs ldes Éditions Fides et procède à la fusion de toutes ses entités d’édition dans une nouvelle société, dorénavant appelée le Groupe FidesCette nouvelle société regroupe sous une même enseigne : les éditions Fides (littérature générale), Fides Éducation (livres didactiques) et Biblio Fides (livres de poche).

En novembre 2013, Campus Innovations devient une filiale du réseau COOPSCO. Cette entreprise a pour mission de développer des solutions technologiques innovatrices qui répondent aux besoins des coopératives en milieu scolaire.

Un survol de l’histoire des coopératives en milieu scolaire nous fait constater l’incroyable diversification qu’a subie l’offre de service des coopératives en milieu scolaire au cours des ans, témoin de leur capacité à s’adapter aux nouveaux besoins exprimés par leurs membres et de leur désir de contribuer au développement des personnes et des collectivités d’enseignement en tant que partenaire socioéconomique privilégié du monde de l’éducation.

Pour en savoir plus sur la Fédération, vous pouvez consulter l’album souvenir Depuis 25 ans, L’histoire de la Fédération des coopératives québécoises en milieu scolaire.